"Ene Zistwar Revoltan" Kaya (1960-1999)

« Ene Zistwar Revoltan », Kaya

C'est celui-là le chemin que tu nous as montré Kaya, le chemin qui mène à la lumière. C'est bien celui-là le chemin par lequel on va passer. Ce chemin, tu l'as chanté, et dans ton chant en créole Mauricien c'était quand même bien plus clair que tous nos longs prêches! Tu l'as dit, ce chemin il va là-bas de toute façon. Même si c'est difficile, ça y est Kaya, toi tu es passé, arrivé dans la lumière...

Et pourtant, que ce soit à l'île Maurice ou à l'île de La Réunion, partout où a résonné son message ce sont bien des ténèbres qui ont semblé obscurcir le reste du chemin de ceux qui l'ont aimé, que ce soit comme chanteur ou comme « combattant de la liberté »...

car ce matin de Dimanche 21 Février 1999 à Alcatraz s'est éteint le porteur d'un flambeau d'espoir, de plus d'égalité en faveur des plus démunis parmi une société en proie à une certaine injustice sociale... Non, Kaya n'a pas été victime d'un « accident du mur » (expression tirée du magazine Margouillat), il a été assassiné, son chemin a été obstrué violemment! Et qu'importe les raisons, un Homme a été battu puis tué! La vie a été anéantie. Et nous autres durant un moment on n'était plus capable de poursuivre ce chemin, on s'est retrouvé là, au-bord du chemin, suspendu aux nouvelles qui nous parvenaient de l'île Maurice et trop souvent ce n'étaient encore que des mensonges, fallait-il que la Vérité soit à ce point bafouée, cachée?

Puis tout cela a fait place à la révolte, il y a eu d'autres morts violentes (dont un autre musicien Rasta: Berger Agathe) suite aux manifestations de colère contre la Police et sa vilaine conception de la justice. Enormément de tension s'est cristallisée autour de la mort de Kaya, après avoir tout de même ébranlé l'édifice Mauricien le tumulte a fini par laisser la place à l'amertume. Alors le quotidien Mauricien a repris ses droits, sans n'avoir jamais évoqué une quelconque recherche de la vérité ou de réconciliation! Aujourd'hui, début 2010, la crise économique mondiale sévit bien-sûr aussi à Maurice et la drogue bien infiltrée dans la jeunesse défavorisée entraîne toujours un peu plus de répression ainsi que son lot de brutalité policière, mais bon il y a encore des touristes!

Vraiment il n'est pas si facile de se remettre en marche, même si le chemin que l'on emprunte, on le sait, mène à la lumière. Cependant l'assassinat de Kaya, ce sombre épisode de la jeune Histoire de l'île Maurice, met de la lumière sur toutes ces vies humiliées, marginalisées, brutalisées parce que ne répondant pas tout à fait aux «critères» imposés par le pouvoir en place. Joseph Reginald Topize (dit Kaya), a aussi pris un autre chemin, celui de nos souvenirs musicaux avec de vrais tubes (« Simé la limière, « Ras Couyon », Fam Dan Zil », « Racin Pé Brilé ») concoctés fin 1980 et courant 1990 dans un genre dont il est l' inventeur (mélange subtil de Séga, la musique de l'île Maurice et des îles soeurs de l'Océan Indien, et de Reggae): Le Seggae. A trop écouter ses chansons, on comlprend bien que Kaya aspirait à devenir avec nous, meilleur.

Dans le ghetto de Roche Bois à Maurice, petite île de l'Océan Indien, le 10 Aout 1960 est né Kaya, ainsi est venu dans les Mascareignes un peu de lumière pour la multitude Créole.

Kronik dédiée à mon frère U-Cef, un "fan" de Kaya...Behem